Pour ne rien vous cacher, ce cher Cutler Beckett (qui n'est pas encore Lord à l'époque où se déroule Birth of a Pirate) est l'un de mes personnages favoris. Pas juste de l'univers de Pirates (dans lequel il EST mon peronnage favori, en dehors bien sûr du one and only Captain Jack Sparrow), mais de la fiction tout court. En règle générale, j'ai une fâcheuse tendance à aimer les "méchants" dans les livres ou les films, et Beckett, c'est du level, mes amis. Un bon vieux bad guy comme on les aime.
Mais ce qui est intéressant avec Beckett, c'est qu'il n'est pas univoque. Les gens ont tendance à simplifier un peu trop le personnage, à en faire un méchant typiquement Disneyien (logique, en même temps : il est dans un film Disney), le genre cruel et machiavélique qui se frotte les mains avec un rire triomphant genre "Je suis le maître du monde muahaha". Un type purement sadique qui tue pour le plaisir et égorge des chatons le weekend. Personnellement, des termes comme "cruel" et "sadique" me dérangent un peu, parce que ce n'est pas comme ça que je vois Beckett. La définition du sadisme, c'est le fait d'éprouver du plaisir à voir ou faire souffrir quelqu'un ; et dans le cas de Beckett, je dirais qu'on est dans le faux.
Alors certes, je ne dis pas que Cutler Beckett est un type bien. Il commet (directement ou indirectement) des atrocités, on est d'accord. En témoigne notamment la scène d'ouverture de At World's End, où l'on assiste à une série de pendaisons à la chaîne, hommes, femmes et même un gamin d'une douzaine d'années – exécutions orchestrées par Beckett en personne, qui sirote tranquillement son thé pendant que ça se passe. Pendre des enfants (pendre des gens tout court, à vrai dire), c'est pas cool. Mais je ne dirais pas pour autant qu'il le fait pour le plaisir. Il le fait parce que c'est son job. C'est la loi. Il attrape un pirate = hop, peine de mort. Je pense que Beckett ne se pose pas la question de savoir si c'est bien ou mal ; il applique, c'est tout. Il respecte les règles officielles, sans chercher plus loin, avec froideur et détachement. C'est un mec totalement dépourvu d'empathie.
On le constate aussi dans le bouquin The Price of Freedom, lorsqu'il parle avec Jack du trafic d'esclaves auquel s'adonne la East India Trading Company ; pour lui, c'est comme si l'être humain n'entrait même pas en ligne de compte. C'est du commerce, point barre. Et c'est lucratif. Donc il le fait, sans aucun scrupule. Encore une fois, ça n'a rien à voir avec de la cruauté – il n'a pas envie de faire souffrir les esclaves en question. Disons que c'est juste un "dommage collatéral" de son petit business... Tout ce qu'il entreprend, il le voit sous cet angle-là : si c'est conforme à la loi, et si ça rapporte, il le fait. Comme il le dit à plusieurs reprises dans la saga : "It's just good business". C'est exactement ça.
L'affaire avec Jack Sparrow, en revanche... Là, c'est peut-être un peu différent. Parce que – en dépit de ce que Beckett assure à Jack dans les films – c'est personnel. Il y a l'aspect judiciaire et officiel de l'affaire, bien entendu : le "délit" commis par Jack, à savoir libérer les esclaves qu'il était censé transporter à bord de son navire, relève (quoiqu' indirectement) de la piraterie (c'est un acte de vol contre la East India Company, et c'est un acte de vol en mer = piraterie). D'un point de vue légal, donc, Cutler Beckett était en droit, et même en devoir, de punir son employé ; après, pourquoi la marque au fer rouge et pas la pendaison, je n'en sais trop rien. Beckett lui a peut-être fait une fleur – après tout, Jack était pour ainsi dire l'un des siens, il travaillait pour la Company. Eut-il été un "vrai" pirate à l'époque, je pense qu'il n'y aurait pas eu de traitement de faveur qui tienne (si on peut appeler ça comme ça).
Mais il y a aussi, et peut-être surtout, l'aspect personnel de la chose. Après l'histoire des esclaves, Beckett a les boules contre Jack, c'est certain. Dans mon roman, j'ai tenté d'expliquer les raisons de cette rancœur (je vous laisserai les découvrir, ne spoilons pas tout, mes enfants !) ; dans The Price of Freedom, A.C. Crispin propose ses propres raisons, assez différentes mais également valables. Du coup, Beckett a envie de faire payer Jack, envie de se "venger". C'est notamment la raison, à mon sens, pour laquelle il décide de marquer Jack au fer rouge lui-même, plutôt que de laisser la besogne à ses hommes de main (on sait tous que son bras droit Mercer est là pour ce genre de trucs). C'est la manière de Beckett de dire "T'as cru que tu pouvais me couiller, eh ben voilà ce qui arrive." Et là, effectivement, il se pourrait qu'il y éprouve une certaine satisfaction.
(Apprécions au passage la double ironie de toute cette histoire : d'une part, Jack est puni non pas pour un réel crime, mais pour un geste juste, humain et altruiste qui fait définitivement de lui un mec bien ; et d'autre part, avec cette marque, c'est Beckett lui-même qui est responsable de la "carrière" de Jack dans la piraterie... Sans ce 'P' au fer rouge sur le bras qui l'empêchait de toute façon d'exercer une occupation légale et honnête, Jack ne serait peut-être jamais devenu pirate du tout. C'est con, hein ?)
Bref – Cutler Beckett est un bad guy, certes, mais un bad guy complexe, et ça, j'aime bien. Il est méchant, mais dans les limites de la loi, quoi. Officiellement parlant (officiellement selon les standards un brin douteux des années 1710-1720, je précise), il n'a rien fait de répréhensible, jamais. (Non, ce qui était répréhensible, à l'époque, c'était de s'opposer à la traite d'êtres humains, tiens donc.) Inutile de dire que je me suis bien éclatée à écrire les passages de Birth of a Pirate du point de vue interne de ce personnage... D'ailleurs, c'est drôle, parce que le premier chapitre du roman, celui que j'avais écrit de façon quasi-automatique, celui qui était censé être un one-shot sans suite, est écrit du point de vue de Beckett. Spontanément, sans réfléchir à la forme de la narration, c'est dans sa peau à lui que je me suis glissée pour écrire – pas dans celle de Jack, qui serait pourtant le choix le plus évident. Il faut croire que je me plais bien dans la tête de Beckett... Du coup, je ne perds jamais une occasion de rédiger un passage de son point de vue, venant entrecouper le récit principal des aventures de Jack Sparrow. Il est fascinant, que voulez-vous. Chapeau bas, Ted & Terry, pour avoir pondu notre cher Lord à perruque poudrée...
Mais ce qui est intéressant avec Beckett, c'est qu'il n'est pas univoque. Les gens ont tendance à simplifier un peu trop le personnage, à en faire un méchant typiquement Disneyien (logique, en même temps : il est dans un film Disney), le genre cruel et machiavélique qui se frotte les mains avec un rire triomphant genre "Je suis le maître du monde muahaha". Un type purement sadique qui tue pour le plaisir et égorge des chatons le weekend. Personnellement, des termes comme "cruel" et "sadique" me dérangent un peu, parce que ce n'est pas comme ça que je vois Beckett. La définition du sadisme, c'est le fait d'éprouver du plaisir à voir ou faire souffrir quelqu'un ; et dans le cas de Beckett, je dirais qu'on est dans le faux.
Alors certes, je ne dis pas que Cutler Beckett est un type bien. Il commet (directement ou indirectement) des atrocités, on est d'accord. En témoigne notamment la scène d'ouverture de At World's End, où l'on assiste à une série de pendaisons à la chaîne, hommes, femmes et même un gamin d'une douzaine d'années – exécutions orchestrées par Beckett en personne, qui sirote tranquillement son thé pendant que ça se passe. Pendre des enfants (pendre des gens tout court, à vrai dire), c'est pas cool. Mais je ne dirais pas pour autant qu'il le fait pour le plaisir. Il le fait parce que c'est son job. C'est la loi. Il attrape un pirate = hop, peine de mort. Je pense que Beckett ne se pose pas la question de savoir si c'est bien ou mal ; il applique, c'est tout. Il respecte les règles officielles, sans chercher plus loin, avec froideur et détachement. C'est un mec totalement dépourvu d'empathie.
On le constate aussi dans le bouquin The Price of Freedom, lorsqu'il parle avec Jack du trafic d'esclaves auquel s'adonne la East India Trading Company ; pour lui, c'est comme si l'être humain n'entrait même pas en ligne de compte. C'est du commerce, point barre. Et c'est lucratif. Donc il le fait, sans aucun scrupule. Encore une fois, ça n'a rien à voir avec de la cruauté – il n'a pas envie de faire souffrir les esclaves en question. Disons que c'est juste un "dommage collatéral" de son petit business... Tout ce qu'il entreprend, il le voit sous cet angle-là : si c'est conforme à la loi, et si ça rapporte, il le fait. Comme il le dit à plusieurs reprises dans la saga : "It's just good business". C'est exactement ça.
L'affaire avec Jack Sparrow, en revanche... Là, c'est peut-être un peu différent. Parce que – en dépit de ce que Beckett assure à Jack dans les films – c'est personnel. Il y a l'aspect judiciaire et officiel de l'affaire, bien entendu : le "délit" commis par Jack, à savoir libérer les esclaves qu'il était censé transporter à bord de son navire, relève (quoiqu' indirectement) de la piraterie (c'est un acte de vol contre la East India Company, et c'est un acte de vol en mer = piraterie). D'un point de vue légal, donc, Cutler Beckett était en droit, et même en devoir, de punir son employé ; après, pourquoi la marque au fer rouge et pas la pendaison, je n'en sais trop rien. Beckett lui a peut-être fait une fleur – après tout, Jack était pour ainsi dire l'un des siens, il travaillait pour la Company. Eut-il été un "vrai" pirate à l'époque, je pense qu'il n'y aurait pas eu de traitement de faveur qui tienne (si on peut appeler ça comme ça).
(Apprécions au passage la double ironie de toute cette histoire : d'une part, Jack est puni non pas pour un réel crime, mais pour un geste juste, humain et altruiste qui fait définitivement de lui un mec bien ; et d'autre part, avec cette marque, c'est Beckett lui-même qui est responsable de la "carrière" de Jack dans la piraterie... Sans ce 'P' au fer rouge sur le bras qui l'empêchait de toute façon d'exercer une occupation légale et honnête, Jack ne serait peut-être jamais devenu pirate du tout. C'est con, hein ?)
Bref – Cutler Beckett est un bad guy, certes, mais un bad guy complexe, et ça, j'aime bien. Il est méchant, mais dans les limites de la loi, quoi. Officiellement parlant (officiellement selon les standards un brin douteux des années 1710-1720, je précise), il n'a rien fait de répréhensible, jamais. (Non, ce qui était répréhensible, à l'époque, c'était de s'opposer à la traite d'êtres humains, tiens donc.) Inutile de dire que je me suis bien éclatée à écrire les passages de Birth of a Pirate du point de vue interne de ce personnage... D'ailleurs, c'est drôle, parce que le premier chapitre du roman, celui que j'avais écrit de façon quasi-automatique, celui qui était censé être un one-shot sans suite, est écrit du point de vue de Beckett. Spontanément, sans réfléchir à la forme de la narration, c'est dans sa peau à lui que je me suis glissée pour écrire – pas dans celle de Jack, qui serait pourtant le choix le plus évident. Il faut croire que je me plais bien dans la tête de Beckett... Du coup, je ne perds jamais une occasion de rédiger un passage de son point de vue, venant entrecouper le récit principal des aventures de Jack Sparrow. Il est fascinant, que voulez-vous. Chapeau bas, Ted & Terry, pour avoir pondu notre cher Lord à perruque poudrée...
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