L'interview ci-dessous a été réalisée par l'équipe d'un forum d'écriture que je fréquentais régulièrement. Comme elle constitue aussi une sorte de longue FAQ susceptible de répondre à vos interrogations éventuelles, j'ai décidé de la reposter ici... Enjoy !
(Si vous avez d'autres questions à me poser, je vous laisse m'écrire un petit commentaire en bas de page.)
PARCOURS ET EXPÉRIENCE
Depuis quand écris-tu, et quel est ton "parcours littéraire" ?
Je crois que j'écris depuis toujours, j'adore ça depuis toute petite. Je me souviens qu'à huit ans, j'avais déjà entamé une sorte de petit roman (l'histoire d'une petite fille dont les parents se font enlever !), et à dix ans, j'ai gagné un concours de posésie organisé par mon école primaire. J'ai entamé plusieurs "romans" à l'adolescence (du contemporain, de la fantasy...), sans jamais en terminer aucun ; j'ai aussi écrit plusieurs scénarios de BD, que j'ai ensuite dessinées moi-même (l'une de ces BD, une histoire d'heroic fantasy qui s'appelait Aëldúwath, a été mon premier projet terminé de A à Z).
C'est vers seize/dix-sept ans que j'ai réellement commencé à écrire "sérieusement". À vrai dire, c'est justement la fanfiction et l'univers de Pirates of the Caribbean qui en a été l'élément déclencheur. En 2006, je me suis inscrite sur un forum dédié à la saga Pirates, très orienté sur les créations de fans (dessin, littérature, etc) ; ce forum organisait des concours d'écriture mensuels, tantôt de fanfiction, tantôt de nouvelles originales. Ces concours m'ont "forcée" à écrire un projet complet dans un temps limité, c'était un excellent exercice et j'y ai vite pris goût. C'est aussi à cette époque que j'ai confronté pour la première fois mes écrits au regard des autres, et ce fut une bonne surprise : j'ai reçu de très bonnes critiques de la part des lecteurs, et ça m'a aidée à prendre confiance dans mon écriture.
Grâce à ce fameux forum, j'ai écrit 5 ou 6 nouvelles sur des thèmes plus ou moins imposés, avant de me lancer dans la rédaction de mon roman Birth of a Pirate (qui n'était pas vraiment sensé être un roman à la base, mais qui l'est devenu suite à l'engouement de mes lecteurs et à ma propre envie de prolonger l'aventure). En 2012, j'ai rédigé une quinzaine de chapitres d'un polar contemporain suivie d'un peu de fantasy. À l'heure actuelle, je peaufine Birth of a Pirate en vue d'une publication papier, tout en travaillant sur un scénario de BD en parallèle.
⇨Plus d'infos : voir Mes projets.
Quel a été ton parcours scolaire, étudiant et/ou professionnel ?
J'ai fait un bac L option arts plastiques, puis une formation de cinéma d'animation spécialisée dans la 3D, à l'école Estienne à Paris, que j'ai complétée avec une licence de Pratique et esthétique du cinéma à la Sorbonne. J'ai terminé mes études en 2012, puis je suis partie un an en Suède en commençant à travailler en tant qu'illustratrice freelance. Puis en 2014, hop, gros changement de cap, j'ai repris des études... d'infirmière ! C'est donc là que j'en suis aujourd'hui, et ça me plaît beaucoup.
L'ÉCRITURE
Quelles sont tes inspirations, en matière de lecture, musique, films et autres ?
Pfiouuu, question difficile... Je lis, regarde et écoute des tas de choses différentes. En matière de cinéma, mes réalisateurs préférés sont David Lynch, Stanley Kubrick, Nicolas Winding Refn ou Roman Polanski, mais je ne saurais dire si leurs films m'inspirent dans mon écriture... Pour la musique, j'aime beaucoup écouter des bandes originales de films pour me mettre dans le mood pour écrire (pour Birth of a Pirate, je me passe en boucle les sublimes BO de Hans Zimmer) ; sinon, j'écoute vraiment de tout (sauf du r'n'b commercial), avec une préférence pour le rock des seventies. Parmi mes artistes fétiches, on trouve en vrac Lou Reed, David Bowie, Blackmore's Night, T.Rex, Howard Shore, Sinead O'Connor, Angelo Badalamenti...
Quant à la littérature, j'aime particulièrement les polars et les thrillers (surtout scandinaves), mais là encore, mes goûts sont assez éclectiques. Parmi mes romans préférés : Le Seigneur des Anneaux de Tolkien, Le Maître des Illusions de Donna Tartt, la trilogie Millénium de Stieg Larsson, Bone de George Chesbro...
Quant à la littérature, j'aime particulièrement les polars et les thrillers (surtout scandinaves), mais là encore, mes goûts sont assez éclectiques. Parmi mes romans préférés : Le Seigneur des Anneaux de Tolkien, Le Maître des Illusions de Donna Tartt, la trilogie Millénium de Stieg Larsson, Bone de George Chesbro...
Parle-nous de ton projet d'écriture actuel. De quoi s'agit-il, et où en es-tu ?
Je travaille depuis plusieurs années déjà sur un roman en deux parties qui s'appelle Birth of a Pirate (bien que je sois en train de chercher in nouveau titre, en français, pour l'édition papier). Il s'agit d'une fanfiction sur l'univers de Pirates of the Caribbean, qui raconte en quelque sorte la jeunesse de Jack Sparrow. C'est donc un prequel des films. Jack a vingt-cinq ans et travaille pour la East India Trading Company.
Niveau rédaction, j'ai terminé le tome 1 et je suis déjà bien avancée sur le tome 2. Tout en continuant celui-ci, je me consacre aux relectures et corrections de ce qui a déjà été écrit. Je considère avoir terminé le travail à 80%, et si possible, j'aimerais publier le roman fin 2014.
Tu parles d'une publication papier. Peux-tu nous en dire plus sur ce choix, et sur ta façon de procéder ?
Jusqu'à présent, Birth of a Pirate n'avait été publié que sur Internet, chapitre après chapitre, sur des sites comme fanfiction.net. Il a eu pas mal de succès, j'avais tout une troupe de fans qui attendaient impatiemment chaque nouvelle mise à jour et me laissaient des reviews très enthousiastes. En 2012, j'ai relu mon roman après l'avoir longuement laissé de côté, et je me suis aperçue que même avec le recul, je continuais à en être relativement contente (ce qui est rare pour moi). J'ai donc eu envie de lui offrir une deuxième vie, et par la même occasion de le retravailler, de l'étoffer, d'en faire une sorte de version améliorée... et de boucler la boucle en l'éditant "pour de vrai".
Évidemment, puisque je ne possède pas les droits d'auteur sur la saga Pirates of the Caribbean, je n'ai même pas envisagé la possibilité de passer par une maison d'édition. Je me suis donc tournée vers l'auto-édition, qui est du reste un procédé que j'aime beaucoup : on contrôle la publication de son livre étape par étape, avec une grande liberté. Le but de cette édition papier n'est pas de me remplir les poches, mais de mener ce projet à bien, de pouvoir tenir l'ouvrage entre mes mains et me dire que ça y est, il existe !
Tu dis avoir publié certains de tes textes en ligne et avoir reçu des retours de tes lecteurs. Que t'apporte cette interactivité ?
Que du positif, sans aucun doute ! Les critiques et les reviews sont non seulement excellentes pour le moral car elles témoignent d'un intérêt pour l'histoire, mais elles permettent surtout de progresser et d'améliorer le texte. Les lecteurs ont un regard extérieur sur l'histoire, il arrive donc qu'ils relèvent des erreurs ou des incohérences dont je ne m'étais pas rendue compte. Et lorsque les critiques comportent des points négatifs, c'est un très bon moyen de se remettre en question, et éventuellement de retravailler le texte pour corriger les défauts soulevés par les lecteurs. Parfois, je ne suis pas tout à fait d'accord avec leurs remarques, mais 90% du temps, ils ont entièrement raison ! Bien sûr, comme toujours sur Internet, il y a quelques "haters" qui critiquent pour le plaisir de critiquer, méchamment et sans le moindre argument valable... mais ceux-là, il faut simplement les ignorer.
Tu dis avoir publié certains de tes textes en ligne et avoir reçu des retours de tes lecteurs. Que t'apporte cette interactivité ?
Que du positif, sans aucun doute ! Les critiques et les reviews sont non seulement excellentes pour le moral car elles témoignent d'un intérêt pour l'histoire, mais elles permettent surtout de progresser et d'améliorer le texte. Les lecteurs ont un regard extérieur sur l'histoire, il arrive donc qu'ils relèvent des erreurs ou des incohérences dont je ne m'étais pas rendue compte. Et lorsque les critiques comportent des points négatifs, c'est un très bon moyen de se remettre en question, et éventuellement de retravailler le texte pour corriger les défauts soulevés par les lecteurs. Parfois, je ne suis pas tout à fait d'accord avec leurs remarques, mais 90% du temps, ils ont entièrement raison ! Bien sûr, comme toujours sur Internet, il y a quelques "haters" qui critiquent pour le plaisir de critiquer, méchamment et sans le moindre argument valable... mais ceux-là, il faut simplement les ignorer.
T'accordes-tu un planning d'écriture ou préfères-tu laisser la place à l'inspiration, quitte à être très irrégulière ?
Dans la mesure du possible, j'essaye d'écrire tous les jours – peu importe la quantité. Parfois, je vais me plonger dans mon texte et rédiger un chapitre entier d'une traite, parfois il y aura des moments de flottement où je me contenterai de quelques phrases chaque jour. Mais il me semble important de rester dans son histoire, de ne pas la mettre de côté trop longtemps (sauf en cas de grosse panne d'inspiration, auquel cas une pause peut s'avérer bénéfique).
Écris-tu au fur et à mesure ou prépares-tu un synopsis détaillé que tu suis ensuite à la lettre ? De même, écris-tu dans l'ordre des chapitres, ou selon ton humeur, quitte à travailler dans le désordre ?
En fait, ça dépend des périodes. Lorsque j'ai commencé Birth of a Pirate, j'écrivais de façon totalement spontanée, sans rien prévoir à l'avance, au gré de mes envies (j'ai écrit un chapitre 1 sans avoir la moindre idée de s'il y allait y avoir un chapitre 2, ni ce qu'il contiendrait). Puis, après avoir pris conscience que mon histoire était en train de devenir un véritable roman, j'ai commencé à en planifier l'intrigue sur le long terme, en détaillant les grandes lignes chapitre par chapitre. Parfois, j'écris en ayant une idée très précise de ce qui se passera, parfois c'est plus de l'improvisation – mais j'ai la trame générale en tête.
Quant à l'ordre dans lequel je travaille... La plupart du temps, j'écris de façon chronologique, dans l'ordre de la lecture. Cependant, si je bloque sur un passage ou si j'ai soudainement une idée qui me vient pour un passage futur, il peut m'arriver de faire un bond en avant et d'écrire le passage en question, puis de revenir en arrière pour compléter les trous... Mais c'est rare.
Quant à l'ordre dans lequel je travaille... La plupart du temps, j'écris de façon chronologique, dans l'ordre de la lecture. Cependant, si je bloque sur un passage ou si j'ai soudainement une idée qui me vient pour un passage futur, il peut m'arriver de faire un bond en avant et d'écrire le passage en question, puis de revenir en arrière pour compléter les trous... Mais c'est rare.
Écris-tu à l'ordinateur où la la main ? Utilises-tu des logiciels d'aide à l'écriture ?
J'écris à l'ordinateur, c'est là que je me sens le plus à l'aise. Ceci dit, j'ai toujours un petit carnet à portée de main, où je note régulièrement des idées, des morceaux de dialogue ou de description qui me viennent à l'esprit... Sur ordinateur, j'utilise Microsoft Word, tout simplement. J'ai téléchargé un ou deux logiciels d'aide à l'écriture parce que je me disais qu'ils pouvaient m'aider pour rassembler mes recherches, mes fiches personnages etc, mais au final, je ne m'en sers pas... Le seul outil que j'utilise très souvent est l'option Recherche de Word, pour la chasse aux répétitions.
Quand on travaille sur ordinateur, n'est-ce pas tentant d'aller jeter un oeil sur la boîte mail, Facebook ou des sites divers et variés au lieu de rester concentré sur son récit ?
Tout dépend de mon inspiration. À certains moments, je serai totalement absorbée par mon texte, et je n'irai pas papillonner à droite et à gauche sur Internet... Et à d'autres, j'aurai du mal à avancer, et j'aurai tendance à procrastiner légèrement en allant visiter des sites ou des blogs ou en dessinant en parallèle sur Photoshop. Quoi qu'il en soit, je suis toujours connectée à Internet quand j'écris, et j'ai troujours quelques sites ouverts qui sont de vrais outils de travail.
Peux-tu les citer ?
Parmi mes onglets systématiquement ouverts, on trouve un dictionnaire des synonymes (essentiel !), celui de l'université de Caen (Crisco) pour ma part. Il y a aussi le site de traduction anglais-français Word Reference, parce que pour une raison étrange, lorsque j'écris, j'ai parfois des mots qui me viennent spontanément en anglais ; et quand j'essaye de le transposer en français, je ne trouve pas de traduction satisfaisante. Du coup, je me sers du traducteur en ligne pour tenter de trouver un équivalent... Et enfin, troisième incontournable, un glossaire de la marine ancienne, souvent celui de Christophe Borzeix, très complet. La marine à voile a beau être une passion, mes connaissances sur le sujet sont loin d'être complètes, alors je vais très souvent chercher des infos sur cet excellent site !
As-tu des préférences en matière de narration (quel point de vue, à quelle personne...) ?
Mon mode narratif de prédilection est le classique point de vue interne, à la troisième personne du singulier. Birth of a Pirate est écrit sur ce mode-là. Ceci dit, j'aime expérimenter de nouvelles choses, sortir de ma zone de confort. : j'ai écrit plusieurs centaines de pages d'un récit au présent de narration, une nouvelle épistolaire, des textes à la première personne... Je varie les plaisirs !
Lorsque tu travailles sur un texte narratif, y a-t-il des passages ou des éléments que tu aimes écrire plus que d'autres, ou d'autres au contraire qui te semblent difficiles ?
Au niveau du fond (donc de l'intrigue), je n'ai pas tellement de préférences ; tout peut être intéressant à écrire, que ce soient les scènes d'action, les dialogues, ou les moments lents et descriptifs. Pour ce qui est de la forme, en revanche, je me faisais récemment la réflexion qu'il est particulièrement difficile d'écrire du point de vue interne d'un personnage lorsque le personnage en question est dans un état "second", c'est-à-dire pas tout à fait lucide, et pas en mesure de réfléchir clairement (semi-conscient, malade, ivre, blessé, ou autre). L'état du personnage doit évidemment se ressentir dans l'écriture, qui se base alors beaucoup sur les ressentis, les sensations, les impressions. C'est un exercice de style intéressant, mais complexe.
LE PROJET BIRTH OF A PIRATE
Revenons sur ton roman en cours, Birth of a Pirate. Comment est née l'idée de ce récit sur la jeunesse de Jack Sparrow ?
En 2006, entre la sortie du deuxième et du troisième film de la saga Pirates of the Caribbean, les scénaristes Ted Elliott et Terry Rossio ont livré, au cours d'une interview, des informations exclusives et plutôt surprenantes sur le personnage de Jack Sparrow. Ils ont révélé que dans sa jeunesse, Jack avait travaillé pour la East India Trading Company, sous les ordres de Cutler Beckett (le grand "méchant" de la saga), et que les choses avaient mal tourné entre les deux hommes après que Jack ait refusé de transporter un chargement d'esclaves ; c'est là que Beckett a marqué Jack au fer rouge du 'P' entrevu dans les films.
J'ai trouvé ces infos très intéressantes dans la mesure où elles dévoilaient une toute nouvelle facette de la personnalité de Jack, qui est alors bien loin du capitaine pirate que l'on connaît. J'ai eu envie d'explorer ce passé, ses relations avec Beckett (qui est mon deuxième personnage préféré de la saga Pirates), la façon dont Jack est passé du statut d'honnête marin de la East India Company britannique à celui de flibustier dans la mer des Caraïbes. D'autres amateurs de fanfiction avaient déjà écrit de petits récits sur ce thème, mais aucune version ne me plaisait vraiment, alors j'ai décidé d'écrire la mienne !
Tu as notamment apporté ta propre vision des faits sur un épisode très discuté par les fans : la nature de la fameuse marque que Jack a laissée à Cutler Beckett, brièvement mentionnée dans le deuxième film...
Effectivement, j'ai percé le Grand Mystère de la Marque ! Là encore, nombreux sont les auteurs qui avaient proposé leur version suite à la sortie du second film, mais aucune d'entre elles ne me convenait – certaines étaient plausibles mais pas vraiment à mon goût, d'autres étaient franchement grotesques. J'ai donc fait abstraction de tout ce que j'avais pu lire sur le sujet, et je me suis demandé ce que Jack avait bien pu faire à Beckett, quand, comment et pourquoi... Ma version des faits a finalement un côté très "œil pour œil, dent pour dent", une vengeance assez littérale qui me semblait convenir à la personnalité de Jack.
Jack Sparrow est un personnage célèbre, voire culte, et très apprécié des fans. A-t-il été difficile de se glisser dans sa peau pour les besoins du roman ?
C'est clair qu'il y a une certaine pression à écrire sur un personnage aussi connu. Je tenais énormément à rester "in character", à construire un Jack crédible aux yeux des lecteurs, à rester fidèle au personnage que l'on voit dans les films. Chacune de ses pensées, de ses réactions et de ses paroles devaient sonner juste. Et en même temps, le Jack de mon histoire a presque quinze ans de moins que le Jack des films – inutile de dire qu'entre l'âge de vingt-cinq et l'âge de quarante ans, on évolue beaucoup... Il a donc fallu que j'imagine un Jack bien plus jeune, moins expérimenté, plus naïf ; et j'ai pris beaucoup de plaisir à le faire évoluer pour qu'il s'approche, peu à peu, du personnage que l'on connaît par les films.
Même si la majorité du récit se fait du point de vue interne de Jack Sparrow, tu inclus également des points de vue d'autres personnages. Pourquoi ce choix ?
C'est drôle, parce que le tout premier chapitre de Birth of a Pirate qui a vu le jour (que j'avais écrit sur un coup de tête, sans me douter qu'il se développerait ensuite en roman) est un chapitre écrit du point de vue non pas de Jack, mais de Cutler Beckett. Spontanément, c'est dans la peau de Beckett que je me suis glissée pour entamer mon récit. C'est un personnage fascinant à traiter, et j'ai toujours énormément de plaisir à écrire les passages du point de vue de Beckett... Mais évidemment, le héros, c'est Jack, donc la plupart des chapitres sont écrits de sa perspective.
Pour répondre à la question, si je varie les points de vue, c'est d'une part par nécessité : j'ai parfois besoin de raconter des événements auxquels Jack n'a pas assisté directement, ce qui implique forcément un point de vue autre que le sien. Et d'autre part, ce peut être un outil narratif très utile que d'avoir accès aux pensées d'autres personnages. Ça peut être une bonne maniére d'instaurer le suspense, par exemple, dans la mesure où le lecteur en saura plus que le héros. Sans compter que j'aime explorer plus en profondeur des personnages que j'apprécie, tels que Barbossa, Gibbs ou Bill Turner.
Tu parlais tout à l'heure de fiches personnage. Quel genre de fiches ou de documents annexes utilises-tu pour t'aider dans ton travail ?
Lorsque j'écris, j'ai toujours deux documents Word ouverts : mon texte, et un deuxième document qui contient tout un tas d'infos sur les personnages et l'univers, qui me permet de m'y retrouver et d'être cohérente (parce que des personnages, j'en ai une flopée !). Quand je dis "fiche personnage", il s'agit de fiches très succintes, avec seulement le nom et l'âge du personnage, son apparence physique et ses traits de caractères marquants. Je ne rentre pas dans les détails. J'ai aussi une chronologie détaillée des événements, jour par jour, pour bien me rendre compte de la durée de chaque événement et de leur chronologie les uns par rapport aux autres (c'est particulièrement utile lorsqu'on a deux intrigues parallèles).
En plus de tout ça, j'ai aussi une liste de tous les navires de mon histoire (leur nom, leur type, leur taille...), une liste de noms et prénoms du XVIIIe siècle dans laquelle je pioche régulièrement pour nommer mes personnages secondaires, une liste d'idées en vrac que j'aimerais éventuellement inclure dans le roman, une liste de corrections à faire au texte... Bref, un outil indispensable.
En parlant de XVIIIe siècle, as-tu réalisé un travail de documentation en amont de l'écriture ?
Oh que oui ! L'univers de Pirates of the Caribbean a beau être fictif, il n'en reste pas moins que mon histoire s'inscrit dans une réalité historique : l'Angleterre et les colonies des Indes Occidentales, au tout début du XVIIIe siècle. La piraterie dans les Caraïbes est un fait avéré, la East India Company a réellement existé... Je tenais absolument à ce que mon roman soit crédible historiquement parlant, que le lecteur ne lève pas les yeux au ciel en déplorant l'absurdité ou l'anachronisme de tel ou tel élément. J'ai donc mené tout un tas de recherches sur la politique, la géographie, l'économie, la médecine, le commerce, le système judiciaire ou militaire, la marine à voiles... J'ai une longue liste de livres et de sites Internet qui m'ont aidée à constuire mon récit. Je ne suis pas du tout férue d'histoire à la base, mais je dois dire que l'univers de la piraterie est tout à fait fascinant...
En 2011, les éditions Disney ont publié The Price of Freedom, un roman d'A. C. Crispin qui raconte lui aussi la jeunesse de Jack Sparrow lorsqu'il travaille pour la East India Trading Company. L'as-tu lu, et qu'en as-tu pensé ?
J'ai entendu parler de ce livre au moment de sa sortie, mais à l'époque, je me suis catégoriquement interdit de le lire. Je travaillais encore sur la trame de Birth of a Pirate, et je ne voulais pas être influencée, consciemment ou inconsciemment, par cet autre roman qui traite des mêmes événements que le mien. Par ailleurs, j'étais assez sceptique – les autres livres qui étaient sortis sur l'univers de Pirates of the Caribbean (la série des Jack Sparrow écrite par Rob Kidd) étaint franchement médiocres, destinés à des lecteurs très jeunes et terriblement mal écrits. Je n'attendais donc pas grand-chose de The Price of Freedom, mais évidemment, j'étais très curieuse de lire une "version alternative" de ces événements que j'avais moi-même traités...
Ce n'est que récemment que je me suis autorisée à acheter ce roman, et le moins qu'on puisse dire, c'est que ç'a été une très bonne surprise ! The Price of Freedom s'adresse clairement à un tout autre lectorat et est d'une qualité bien supérieure. C'est un pavé de presque 700 pages, bien écrit, prenant, avec des personnages bien développés et visiblement un gros travail de recherche et de documentation de la part de l'auteur. J'ai adoré découvrir la vision des faits d'Ann Crispin, la façon dont elle a imaginé Jack, Beckett et tout le reste, les points communs et les différences entre nos deux récits... Au final, elle et moi sommes parties dans des directions très différentes ; je m'étends notamment sur une période bien plus longue dans la vie de Jack, alors qu'elle s'en tient exclusivement à la période qu'il a passée à travailler pour la East India Company.
Bref, j'ai pris beaucoup de plaisir à lire ce roman, et je le conseille sans hésiter à tous ceux qui apprécient la trilogie Pirates et qui seraient curieux d'en apprendre plus sur le personnage de Jack Sparrow (il faut maîtriser l'anglais, cependant, puisque le livre n'est disponible qu'en VO). Pour les non-anglophones (et pour les autres)... lisez Birth of a Pirate, tiens !
Bref, j'ai pris beaucoup de plaisir à lire ce roman, et je le conseille sans hésiter à tous ceux qui apprécient la trilogie Pirates et qui seraient curieux d'en apprendre plus sur le personnage de Jack Sparrow (il faut maîtriser l'anglais, cependant, puisque le livre n'est disponible qu'en VO). Pour les non-anglophones (et pour les autres)... lisez Birth of a Pirate, tiens !
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